Ce n’est que par un jeu basé sur l’audace et par une stratégie axée sur la puissance et l’intensité dans les opérations que l’équipe de Tunisie pourra gagner et laisser une bonne impression.
Après la victoire par 4 buts à 0 sur la modeste équipe de São Tomé-et-Principe, Jalel Kadri est le premier conscient que le Malawi, que les Aigles de Carthage affrontent tout à l’heure, est un adversaire d’un tout autre calibre, intraitable chez lui comme loin de ses bases comme en témoignent les trois points du succès arrachés au Liberia dans son fief. Mais ce n’est pas toutefois l’équipe à donner tant de frayeurs et à être surestimée. C’est aussi un adversaire vulnérable et prenable comme en témoignent aussi les derniers résultats des hommes du sélectionneur Mario Marinica en matches éliminatoires de la CAN 2024. Ils ont encaissé 6 buts contre l’Egypte qui les a dominés au Caire (2-0) et les a surclassés devant leur public (4- 0). Ils n’ont pu faire que deux matches nuls face à l’Ethiopie (0-0) et devant la Guinée (2 -2). L’équipe de Tunisie est donc devant une très belle opportunité pour rentrer avec les 3 points d’un déplacement pas aussi périlleux qu’on le pense.
Jouer pour gagner
Mais pour gagner, la méthode est bien simple : il faudra faire preuve d’audace et oser aller chercher le duel avec l’adversaire dans sa zone et ne pas compter sur un système de jeu attentiste pour le piéger sur contres. Jalel Kadri doit changer ses approches de matches à l’extérieur, élever le niveau et le degré d’intensité de jeu de son équipe et offrir des solutions à ses joueurs. A force de vanter la «flexibilité tactique» de son groupe et de sa capacité de changer de système dans le même match selon sa physionomie et selon le statut et les qualités de l’équipe en face, on a bien peur qu’il ne renoue avec ses mauvais réflexes défensifs contre ce Malawi. Kadri va-t-il renouer avec une défense à trois axiaux ou à un milieu à trois récupérateurs ? Si oui, ça limiterait le potentiel offensif de sa troupe. Une défense à quatre, avec le tandem suffisamment vigilant et sécurisant Talbi-Meriah comme charnière centrale avec la reconversion et le glissement du latéral Ali Abdi en troisième axial pour couvrir les montées offensives de Wajdi Kechrida sur le côté droit, est suffisante comme stratégie pour assurer nos arrières. Ça permettrait de mettre un attaquant vivace et remuant comme Saifallah Ltaief sur le couloir gauche et d’étirer le bloc défensif de l’équipe du Malawi sur la largeur pour créer plus de failles et d’espaces dans sa défense centrale. De même, il faut libérer le milieu de terrain et ne pas le ligoter par des choix, des profils de joueurs et des consignes trop défensives. Un seul demi sentinelle (Ellyes Skhiri) peut s’acquitter de la tâche de ratissage et de l’assurance de la zone sécurité devant la défense. Ça permettrait d’aligner des milieux de terrain qui relancent rapidement et bien le jeu et qui font ressortir un bon nombre de ballons dans la phase de reconstruction. Pour gagner un match de cette importance pour la suite de la campagne de qualification pour le Mondial, il faudra œuvrer pour le contrôler du début à la fin, multiplier les actions de projection vers l’avant, les passes décisives avec l’intensité dans le jeu et mettre les armes offensives dans les trente derniers mètres. L’absence d’un joueur de percussion comme Hamza Rafia ne tombe pas à pic à coup sûr et va peser lourdement, surtout qu’il n’y a ni Elyes Achouri, ni Hannibal Mejbri, ni Anis Ben Sliman pour pallier ce handicap et prendre le relais. Reste l’option Firas Belarbi ou même le jeune Anas Ben Mohamed pour épauler le duo incontournable, aux yeux du sélectionneur, Youssef Msakni- Naim Sliti. Dans ce cas, il va falloir laisser sur le banc, soit Aissa Laidouni (ce qui paraît impensable avec un technicien aussi conservateur que Jalel Kadri), soit Ferjani Sassi qui aurait été alors rappelé pour être simplement réserviste. Le même cas de Taha Yassine Khenissi s’il ne prenait pas la place de Haythem Jouini en pointe. Le staff technique de l’équipe de Tunisie est devant l’obligation de trancher sur les bons repères collectifs et les meilleurs atouts pour ne pas se contenter du minimum qu’est le nul. On ne doit pas grappiller les trois points en or indispensables pour ne pas laisser échapper la tête du Groupe H. Et pour retrouver aussi et notamment le grand capital-confiance avant la grande aventure ivoirienne.